Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif, ouvrier de l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015, a annoncé ce soir sur Instagram qu'il a démissionné de son poste
"Je m'excuse de plus être capable de continuer à mon poste et à tous mes manquements dans l'exercice de mes fonctions", écrit Mohammad Javad sur son compte Instagram. La démission de Zarif a été confirmée de source officielle iranienne. Celle-ci doit néanmoins être acceptée par le président iranien Hassan Rohani
Mohammad Javad Zarif a dirigé la diplomatie iranienne pendant tout le mandat du président Hassan Rohani (2013-2017) et a été reconduit à ce poste après la réélection de M. Rohani, qui a été choisi comme personnage en Iran. "Je suis extrêmement reconnaissant envers les citoyens iraniens et leurs dirigeants respectés pour la magnanimité dont ils ont fait la preuve pendant 76 mois", ajoute le message de Zarif sur Instagram
Il a été le négociateur en chef, côté iranien, l'accord de 2015 conclu entre la République islamique et le Groupe 5 + 1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) pour mettre fin à 12 ans de crise autour de la question nucléaire iranienne. Bête noire des ultraconservateurs iraniens, il a vu ces derniers mois les critiques s’intensifier contre lui après la décision du président américain Donald Trump de retirer unilatéralement son pays de ce pacte en mai 2018
« Je suis extrêmement reconnaissant au peuple iranien et à ses dirigeants respectés pour la magnanimité dont ils ont fait preuve pendant 67 mois », ajoute M. Zarif dans son message sur Instagram
Agé de 59 ans, il a dirigé la diplomatie iranienne pendant tout le premier mandat de M. Rohani (2013-2017). Il a été reconduit à ce poste après la réélection du président, qui fait figure de modéré en Iran
Bête noire des ultraconservateurs
Bête noire des ultraconservateurs iraniens, il a vu ces derniers mois les critiques s’intensifier contre lui après la décision du président américain Donald Trump de retirer unilatéralement son pays de ce pacte en mai 2018
L’annonce de cette démission survient au soir d’une visite surprise à Téhéran du président syrien Bachar Al-Assad, qui s’est entretenu avec le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et M. Rohani. Selon l’agence ISNA, M. Zarif n’était présent à aucune de ces deux entrevues
Défenseur inlassable de l’accord de 2015, même après le retrait américain, M. Zarif a croisé le fer à de nombreuses reprises avec ses adversaires politiques depuis mai 2018. Diplomate expérimenté, il a passé une grande partie de sa vie aux Etats-Unis, ce qui le rend hautement suspect aux yeux des ultraconservateurs
Durant les négociations avant l’accord de Vienne il a rencontré à de multiples reprises son homologue américain de l’époque John Kerry, tissant des relations personnelles et cordiales avec le représentant du « grand Satan »
« La réalité de la situation »
Dimanche, il avait réagi à la décision du Groupe d’action financière (GAFI) d’accorder un ultime délai à l’Iran pour que le pays se conforme d’ici à juin aux critères internationaux contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, sous peine de sanctions
L’adoption des mesures législatives auxquelles Téhéran s’est engagé vis-à-vis du GAFI fait l’objet d’un bras de fer entre le gouvernement et le Parlement d’un côté, et des organes de contrôle du système politique iranien, où dominent les ultraconservateurs
Cité par l’agence ISNA et faisant référence aux membres d’un de ces organes – le Conseil de discernement –, M. Zarif avait lancé : « Il faut que nos amis observent et prennent leurs décisions en fonction des réalités. Jusqu’à présent, ils affirmaient que rien n’allait se passer, maintenant ils voient la réalité de la situation. »
« De toute façon, nous nous soumettrons à la décision qu’ils prendront, mais il faut qu’ils connaissent les conséquences de leur décision », avait ajouté M. Zarif
L’adoption des mesures demandées par le GAFI est l’une des conditions posées pour la mise en place effective du système de troc imaginé par l’UE pour permettre à l’Iran de continuer à commercer avec les pays du Vieux continent en contournant les sanctions économiques réimposées par Washington après le retrait américain de l’accord nucléaire
Quelques jours après l’annonce de ce système de troc, M. Khamenei, qui a le dernier mot sur toutes les décisions de politique étrangère de la République islamique, avait mis en garde en affirmant que son pays « ne devrait pas [faire] confiance » aux Européens
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